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Les amants de l’été 44 (tomes 1 et 2) de Karine Lebert

La duologie de Karine Lebert: Les amants de l’été 44 et Pour l’amour de Lauren aux éditions Presse de la Cité.

Incipit :Gemma Harper, jeune New-Yorkaise ambitieuse et dynamique, travaillant dans l’entreprise familiale de produits alimentaires voit ses certitudes vaciller à la mort de sa mère dépressive, Lauren, dont la mort est due à une surdose (accidentelle ou non) de médicaments. Un détective privé engagé par sa mère avant sa mort prend contact avec Gemma. Il lui révèle que sa mère souhaitait enquêter sur sa mère qu’elle n’avait jamais connue, Lauren ayant été élevée par la seconde épouse de son père. C’est ainsi que Gemma découvre que sa grand-mère, Philippine Lemonnier, était normande. Fatiguée de son père tyrannique qui s’oppose systématiquement à ses idées d’innovation et se sentant coupable de ne pas avoir consacré assez de temps à sa mère pendant les derniers mois de sa vie, Gemma décide de partir en Normandie sur les traces de sa grand-mère. La quête de ses racines l’amène à sillonner la Normandie, de Pont-L’Evêque, à Honfleur en passant par Barfleur, Le Havre….mais aussi la Louisiane, en particulier, la Nouvelle-Orléans. Cette quête fait voler en éclat son quotidien trépidant et remet en question son mode de vie, ses aspirations et ses projets. Inlassablement, en dépit des obstacles et des mauvaises volontés, des mensonges et de l’hostilité des Lemonnier et des Reed, Gemma n’aura de cesse de mener son enquête pour comprendre pourquoi Philippine a abandonné sa fille, Lauren.

Mon avis : Ce roman à deux voix alterne le présent, avec la quête de Gemma, et le passé, avec Philippine qui raconte son quotidien. Il nous conte le destin de Philippine, jeune Normande, qui s’éprend d’un GI qu’elle épouse, outrepassant l’avis et le consentement de ses parents, et le suit en pays cajun. L’auteure nous narre un pan oublié de l’après-guerre, le sort des « war brides », les épouses de guerre, ces jeunes filles, parfois bien naïves, qui ont quitté leur terre natale et leur famille pour suivre leur GI aux Etats-Unis. Si certaines de ces unions ont été de vraies histoires d’amour qui se sont bien terminées, d’autres se sont soldées par un échec. Certaines épouses n’ont trouvé personne à leur arrivée aux Etats-Unis, se sont vu interdire l’accès au territoire américain et ont dû faire demi-tour. Les déconvenues furent nombreuses : difficultés d’intégration de par la barrière de la langue, la barrière culturelle et la non-acceptation de la belle-famille, le GI prince charmant s’est parfois transformé en vétéran buvant trop – nombre de ces soldats souffrant de stress post-traumatique – ou violent. Un certain nombre de ces « war brides » se sont senties flouées, la réalité étant bien loin du rêve américain qu’elles espéraient vivre, et ont décidé de rentrer au pays. Ce roman a aussi un côté féministe, c’est une double quête d’émancipation. Celle de Philippine qui veut s’émanciper de son père, un homme buté, rongé par la haine après la mort de son fils, Olivier, un patriarche dont personne n’ose contester l’autorité, même pas lorsqu’il décide d’effacer Philippine de l’histoire familiale, mais aussi celle de Gemma dont le père tyrannique ne supporte pas la contradiction et n’hésite pas à menacer et à faire du chantage à ses propres enfants. Ces deux hommes attendent loyauté, obéissance et soumission de la part de leur famille et, plus particulièrement, des femmes. Karine Lebert, normande d’origine, nous décrit à merveille sa Normandie natale et nous donne envie d’aller flâner à Honfleur ou à Barfleur dans les pas de Philippine et de Gemma, mais elle nous conte aussi la Louisiane, le Sud profond qui pleure sa grandeur passée et dont les plaies causées par la Guerre de Sécession sont toujours béantes, avec en filigrane le sort des Acadiens, déportés lors du Grand Dérangement et dont les Cajuns sont les descendants.

C’est une histoire de secrets de famille, de quête d’identité, d’amour maternel, de sacrifice et de résilience. Un récit captivant et rempli d’émotions.

Si vous aimez les fictions historiques, les secrets de famille et le dépaysement, foncez lire la duologie de Karine Lebert.

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