Les Filles du Graal d’Elizabeth Chadwick aux éditions Hauteville.
Qui s’intéresse à la fiction historique médiévale, tombe inévitablement sur le nom d’Elizabeth Chadwick, connue pour sa trilogie consacrée à Aliénor d’Aquitaine et celle consacrée à Guillaume le Maréchal. Il était donc temps de découvrir cette auteure à l’occasion de la sortie de son livre « Les Filles du Graal » en français, en janvier dernier. Initialement publié en 1993 sous le titre ‘Children of Destiny”, le livre fut retravaillé et réédité, en 2009, sous le titre “Daughters of the Grail”.
Incipit:
Eté 1207, Brigid assiste aux derniers instants de sa mère, Magda, guérisseuse, tombée dans les griffes de l’Inquisition. Avant que sa mère ne rejoigne la Lumière, Brigid lui fait une promesse solennelle. Il est temps pour elle de partir se réfugier à Lavaur en compagnie de son oncle, Chrétien de Béziers, prêcheur cathare itinérant, et de Mathias, érudit cathare, traducteur de manuscrits anciens. Chemin faisant, ils assistent aux noces de Raoul de Montvallant et de Claire. Grâce à son don de prescience, Brigid a la conviction que les destins de Raoul et de Claire sont dorénavant étroitement liés au sien. Mais à la veille de la Croisade contre les Albigeois, les temps deviennent mauvais pour les cathares du Languedoc et encore plus pour Brigid que l’Eglise est bien déterminée à éliminer. Mais qui est donc Brigid et pourquoi est-il si important pour l’Eglise romaine d’éteindre sa lignée?
Avis:
Elizabeth Chadwick nous emmène en pays cathare pour suivre la croisade contre les Albigeois, de la prise de Béziers au siège de Montségur. L’écriture est fluide et le contexte historique est bien documenté. Les personnages historiques côtoient les personnages de fiction. L’auteure maîtrise l’art de la description, ce qui permet au lecteur de vivre les combats, la prise de Béziers et le siège de Montségur, comme s’il y était. Les personnages sont attachants, souvent déchirés entre leur devoir et leur cœur, en recherche de sens ou de rédemption. Elizabeth Chadwick nous décrit à merveille la folie des hommes poussés par le fanatisme mais aussi par l’attrait du pouvoir et des richesses. Ce combat fratricide entre « tenants de la vraie foi » et ceux qu’ils qualifient d’hérétiques n’est-il pas avant tout un prétexte à la conquête de terres, de richesses et de pouvoir ? Cette croisade religieuse permet aux soldats de la « vraie foi » de libérer tous leurs bas instincts et de commettre toutes les horreurs au nom de Dieu. Si vous êtes friand de fiction médiévale, si le mystère cathare et la quête du Graal vous intéressent, vous aimerez « Les Filles du Graal ».
Extraits
« La paix du tombeau ! s’exclama-t-il avec dégoût. Cette guerre n’a jamais été une guerre sainte, à moins que les divinités régnantes ne soient les dieux des biens matériels et du pouvoir. »
« Raimond continua à le dévisager.
— Partages-tu leur foi ?
Raoul esquissa un sourire amer.
— Cela a-t-il la moindre importance, monseigneur ? répliqua-t-il. On ne nous pourchasse pas pour nos croyances, mais pour nos terres et nos titres, et pour nous prendre notre liberté. »
