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Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux de Martha Hall Kelly

Encore une très belle lecture que je recommande: Le lilas ne refleurit qu’après un hiver rigoureux de Martha Hall Kelly aux éditions Charleston.
Incipit : Trois femmes, trois destins pendant la Deuxième Guerre mondiale. Caroline, franco-américaine, philanthrope, qui travaille au Consulat de France et à diverses œuvres caritatives. Kasia, jeune polonaise, qui entre dans la Résistance contre l’occupant allemand par patriotisme et par amour pour Pietrik, son ami d’enfance. Herta, jeune médecin allemande, pétrie d’idéologie et dévorée par l’ambition de devenir chirurgienne. La guerre va faire basculer le destin de ces trois femmes. Un récit choral bouleversant, trois prismes pour dévoiler l’horreur, trois voix pour raconter l’inénarrable.
Mon avis : L’auteure plonge le lecteur dans l’univers concentrationnaire de Ravensbrück. Ce récit mêle faits réels et fiction, personnages ayant existé et personnages inspirés de personnages réels. Ainsi, Caroline Ferriday a bel et bien existé, l’auteure a quelque peu romancé certains pans de sa vie, notamment sa romance avec Pierre Rodierre. Herta Oberheuser a, malheureusement, bel et bien existé, elle fut condamnée par le tribunal de Nuremberg à 20 ans de prison, mais fut libérée pour bonne conduite en 1952. Elle exerça la médecine jusqu’en 1956 et perdit son permis de pratiquer la médecine en 1958 après avoir été reconnue par une survivante de Ravensbrück. Après avoir fait appel, elle récupéra le droit d’exercer la médecine en 1961 et travailla dans un laboratoire. Kasia, quant à elle, est un personnage fictif inspiré notamment par Nina Iwanska, un des « Lapins de Ravensbrück ».
L’auteure alterne les points de vue et nous dévoile l’horreur et les souffrances à travers les yeux de Caroline, de Kasia et d’Herta. Caroline et Kasia sont deux personnages très attachants. Caroline, poissarde en amour, mais d’une générosité déconcertante qui va jusqu’à vendre l’argenterie familiale pour pouvoir continuer à envoyer des colis aux orphelinats français. La courageuse Kasia, brisée par Ravensbrück, rongée par la culpabilité, qui va devoir réapprendre à vivre, à aimer et à faire un deuil impossible. En dressant le portrait d’Herta, l’auteure tente de nous faire comprendre le contexte dans lequel celle-ci est amenée à basculer. Personnellement, elle demeure, à mes yeux, un monstre formaté par une idéologie mortifère, dépourvu d’empathie et dévoré par une ambition sans bornes qui va la pousser à commettre l’innommable. Elle n’éprouve aucun remords, se retranche derrière les ordres reçus et se complaît dans un rôle de victime alors qu’elle est bourreau et qu’un médecin se doit de soigner et de sauver des vies et non de semer la souffrance et la mort. Comment ne pas être choqué d’apprendre qu’elle a non seulement été libérée de manière anticipée mais qu’elle a pu aussi recommencer à exercer la médecine !
Pour ceux qui ont lu « L’Appel des colombes », le dernier roman en date de Martha Hall Kelly qui a fait l’objet d’un autre billet, ce roman est plus dense, plus long à démarrer et le rythme est moins haletant. Les personnages n’en demeurent pas moins attachants et leur destinée s’inscrit parfaitement dans un contexte historique qui a fait l’objet de nombreuses recherches de la part de l’auteure.
Le titre anglais original est « Lilac girls« , le livre a également été traduit en néerlandais et publié sous le titre « Seringenmeisjes« .

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