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Les Lettres de Rose de Clarisse Sabard

Les Lettres de Rose de Clarisse Sabard aux éditions Charleston.

Incipit: La vie de Lola, Parisienne de 28 ans, employée dans le salon de thé de ses parents adoptifs, est chamboulée lorsqu’elle reçoit une lettre du notaire d’Aubéry qui lui annonce que sa grand-mère biologique, Rose Garnier, vient de décéder et qu’elle est son héritière. Lola prend donc la direction d’Aubéry pour liquider cet héritage et retrouver au plus vite le confort de sa vie parisienne, réglée comme du papier à musique. Sur place, elle découvre qu’elle et son cousin, Vincent, dont elle ignorait l’existence et qui ignorait la sienne, héritent chacun d’une maison. Pour pouvoir disposer librement de cette maison qu’elle lui lègue, le testament de sa grand-mère biologique pose toutefois une condition, Lola doit découvrir tout de ses origines et les raisons qui ont conduit à son abandon à la naissance en retrouvant toutes les pièces du puzzle que sa grand-mère a semées dans la maison qu’elle lui lègue. D’abord peu enthousiaste, Lola se prend vite au jeu et se lance dans ce jeu de piste pour déterrer les secrets enfouis du passé mais aussi pour découvrir qui elle est vraiment et lui permettre de prendre son envol.

Mon avis:  Ce roman est un habile mélange de roman historique, de saga familiale et de « feel-good » romantique. Il a d’ailleurs obtenu le Prix du Livre romantique 2016. L’auteure nous emporte dans un tourbillon de secrets, d’émotions, de rebondissements. L’intrigue est bien ficelée et captivante. Tout comme Lola, le lecteur se prend au jeu, difficile de lâcher le livre tant le suspense est constant, la vérité n’est dévoilée que par petites touches. L’auteure alterne narration au présent qui décrit la quête de Lola et ses états d’âme et narration au passé qui nous permet de découvrir la vie de Louise et de Rose, l’arrière-grand-mère et la grand-mère de Lola, deux femmes passionnantes qui dissimulent leurs faiblesses sous un vernis de détermination et de volonté sans faille. Personnellement, j’ai adoré les fenêtres sur le passé, ces parties du récit sont fluides, très agréables à lire et addictives. J’ai, en revanche, moins aimé la narration au présent dont le style est moins fluide et qui est parfois cousue de fil blanc. Ce livre nous parle de transmission, de secrets de famille, de relations mère-fille complexes, de quête d’identité, de psychogénéalogie mais aussi de courage, de force de pardonner, de détermination à avancer et de peur de poursuivre ses rêves. C’est sidéré que le lecteur découvre à quel point une décision prise par Louise en 1946 va affecter la vie et le destin de ses descendants et les précipiter dans le malheur. Et de nous interroger sur cette transmission. Sommes-nous vraiment condamnés à reproduire les mêmes schémas, à commettre les mêmes erreurs que nos aïeux ou à en subir les conséquences avec résignation ? Les descendantes de Louise sont-elles condamnées à être des poisons qui distillent lentement leur venin comme le croit Rose ?

Personnellement, le passage où Lola raconte à sa grand-mère, sur sa tombe, la fin du livre qu’elle n’a pas eu le temps de terminer m’a beaucoup émue.

Si vous aimez les sagas familiales, les secrets de famille et si vous cherchez une lecture agréable, un peu « feel-good », foncez lire « Les Lettres de Rose».

Extraits:

« — Avez-vous entendu parler de la psychogénéalogie, Lola ?

— J’ai déjà certainement lu quelques lignes à ce sujet, oui.

— Bien. Selon certains psychologues et autres spécialistes, nous transmettons génétiquement nos souvenirs. De la même façon que l’on transmet un trait de caractère ou encore une couleur de cheveux, les impressions et les ressentis pourraient également traverser les générations. J’ai lu les résultats de certaines recherches menées par des scientifiques, et c’est absolument époustouflant. Il semblerait que des événements traumatiques peuvent affecter notre ADN en modifiant le cerveau et les comportements des générations suivantes. »

« — L’enfance… murmura Martin tout en la serrant contre lui. L’enfance, c’est un ensemble de souvenirs éphémères, que l’esprit retranscrit avec plus ou moins d’exactitude. Il ne reste de l’enfance que ce que nous voulons en conserver, ma Louise. »

« Je suis bien contente d’en avoir terminé, mais ce n’est pas à cela que je m’attendais. Je n’en reviens pas que la décision prise par Louise en 1946 ait pu à ce point affecter le destin de la lignée des Garnier. »

« Une voix me souffle toutefois que si l’on ne peut pas réparer le passé, on peut forcément apprendre à vivre avec sans regrets et aller de l’avant. »

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