Les heures lointaines de Kate Morton aux éditions J’ai lu.
Incipit:
Lorsque Meredith Burchill reçoit une lettre du Kent qu’elle aurait dû recevoir cinquante ans plus tôt, sa fille Edith découvre que sa mère lui a caché un épisode important de sa vie: son évacuation de Londres lors du Blitz et son séjour dans un château du Kent, chez les Blythe. Sentant que sa mère lui cache quelque chose, Edith décide d’enquêter et part à la rencontre des soeurs Blythe, Percy, Saffy et Juniper, qui a sombré dans la folie après avoir été abandonnée par son fiancé, et de leur vieux château de Milderhurst en ruine.
Mon avis:
L’entrée en matière est plutôt longue (le livre fait plus de 800 pages) mais l’intrigue est bien ficelée et, comme on s’en doute, le château et ses occupantes cachent des secrets. L’art de l’auteure réside dans sa capacité à décrire si bien les décors et les personnages, à leur donner de la profondeur. Elle parvient à rendre tous les personnages attachants, même ceux qui, au premier abord, suscitent l’antipathie.
On se prend d’affection pour la jeune Meredith, la cadette d’une fratrie, qui ne se sent pas à sa place dans sa famille et qui va découvrir sa voie à Milderhurst, ce qui marquera la rupture avec sa mère. On s’attache à la douce Saffy, jumelle soumise, mère de substitution pour Juniper, rêvant d’ailleurs. On éprouve de la tendresse pour l’excentrique Juniper que l’abandon supposé de son fiancé a fait sombrer dans la folie. Chose plus étonnante, on s’attache à Percy, jumelle revêche, dominatrice et manipulatrice, gardienne du temple, chargée de protéger ses soeurs quoi qu’il en coûte. On est touché par ces trois soeurs, soudées dans le malheur, rendues prisonnières du château par la volonté d’un père égoïste, hanté par ses propres démons, mais aimant à en être étouffant et castrateur. On referme ce livre avec une bouffée de nostalgie pour ces heures lointaines et un immense sentiment de gâchis…On aurait préféré une autre fin pour certains personnages mais les relations familiales complexes et tortueuses portent en elles les germes de l’issue finale.
Si vous aimez les secrets, les vieux châteaux et l’ambiance des romans gothiques, ce livre est pour vous.
Bonne lecture!
Percy: » La vie, mademoiselle Burchill, la vie humaine est comprise entre deux parenthèses, la naissance et la mort. Les dates de ces deux événements vous appartiennent et vous définissent aussi bien que votre nom et que les événements qui surviennent entretemps. Je ne vous ai pas raconté cette histoire pour m’en soulager. Je vous l’ai racontée parce qu’une mort doit laisser une trace.«